Deux femmes penchées sur le bain de l’Enfant Jésus. Cet épisode, habituellement délaissé par l’iconographie religieuse, est une des rares scènes nocturnes de la Renaissance.
Mais ce n’est pas cela qui intrigue dans cette toile de Lorenzo Lotto. Il faut plutôt regarder sur le ventre de l’enfant.
On y voit, chose étonnante, son cordon ombilical ! Il s’agit là d’un cas unique dans l’histoire de l’art (on appelle cela un unicum). Pourquoi représenter ce cordon, placé en évidence dans la composition et inondé de lumière ? Est-ce une volonté naturaliste du peintre, soucieux de peindre la réalité dans ses moindres détails ? Pas du tout !
C’est que le supposé cordon ombilical du Christ, devenu relique, vient de disparaître.
Le culte du Saint Cordon, consacré à la relique du cordon ombilical du Christ, était alors très répandu. Jusque-là, des fragments étaient pieusement conservés à la Basilique Saint-Jean-de-Latran, à Rome.
Mais lors du saccage de la ville par les troupes de Charles Quint en 1527, un soldat subtilisa les fragments du Saint Ombilic !
Le Pape ordonna immédiatement sa recherche.
Et Lorenzo Lotto, peignant à ce moment-là une Nativité, ajoute pour la première fois dans l’histoire occidentale le détail du cordon ombilical.
Il aide ainsi les croyants qui, ne pouvant plus se recueillir sur ladite relique, peuvent y substituer cette œuvre lors de leurs prières !
Jusqu’à ce que l’on retrouve la relique volée, trente années plus tard….