La romanisation de l'empire est le processus qui conduisit, au travers des conquêtes des Romains, à l'adoption par les royaumes en question des différents aspects de la culture et de la langue latine. Les contrées conquises assimilèrent, voir appliquèrent totalement, le régime politique et sociale de Rome; l'Urbs demeura pendant tout ce temps au centre du considérable empire dominé par la civilisation latine.
La première phase de cette romanisation fut la conquête par les Romains des territoires adjacents au berceau de leur civilisation. Jules César débuta par la Gaule. Comme il le signale dans ses Commentaires et malgré l'insurrection menée par Vercingétorix en 52 avant Jésus-Christ, huit années suffirent pour pacifier le pays. Dans sa continuité, les empereurs suivants poursuivirent ses travaux d'extension de l'empire en y rattachant la Bretagne, la Dacie, ..., en particulier avec l'empereur bâtisseur Trajan qui demeura dans les esprits comme un grand conquérant. Par la suite, Hadrien opta plutôt pour une démarche de protection des territoires chèrement acquis, en faisant édifier le mur d'Hadrien pour se prémunir contre les invasions. Enfin la suprématie romaine fut définitivement acquise après les guerres puniques et le renversement de la grande puissance asiatique s'y étant toujours opposée: Carthage.
Depuis toujours, les romains se considéraient comme la "civilisation", tandis que tous les autres peuples étaient appelés "barbares". Au moment de l'apogée de l'empire et de la Pax Romana, l'empire étant libéré des conquêtes à organiser, il parut donc tout naturel pour les Romains de débuter avec une deuxième phase de la colonisation et de la romanisation: après avoir fait leurs les territoires, ils allaient s'approprier les esprits. En établissant des latins de pure souche dans les cités conquises, ils développèrent dans les berceaux des "barbares" les fondements de leur culture. Une immense parcelle de Terre leur était acquise, puisqu'ils gouvernaient une grande partie de l'Europe et tout le bassin méditerranéen (ils appelaient d'ailleurs la Méditerranée "mare nostrum", c'est-à-dire notre mer). Ils construisirent ainsi des bâtiments typiquement romains, des tours, des murailles, des aqueducs et des thermes, et en un mélange extrêmement intelligent de force et de finesse, mêlèrent peu à peu leur langue aux dialectes locaux qui furent au final remplacés. La justice romaine s'appliqua dans toutes les provinces conquises, et les mœurs, l'alimentation, les jeux (construction d'amphithéâtres, etc) s'y développèrent rapidement. Si la majorité des provinces conservèrent leurs religions, croyances et traditions populaires, elles adoptèrent aussi celles des romains.
Puis les "barbares" purent accéder à la citoyenneté romaine, accédant aux élites urbaines. En 212, l'empereur Caracalla élargit à tous les sujets libres de l'Empire le droit de devenir citoyen, pour légitimer la domination de Rome; cette mesure généra un climat de reconnaissance propice à l'acceptation de l'Urbs comme puissance dictant les ordres. Les nouveaux sujets de l'empire adoptèrent également mobilier, habitude, noms (praenomen, nomen et cognomen), monnaie, système métrique et lois romaines pour supplanter les coutumes tribales. Le développement des voies maritimes et la construction de routes pavées favorisèrent encore ce procédé de romanisation.
Celui-ci connut néanmoins quelques difficultés, avec la résistance de certaines provinces et leur acharnement à s'extraire du carcan culturel dans lequel les Romains les enfermaient. Mais si des territoires refusèrent de se soumettre mentalement au mode de vie latin, la romanisation, l'étendue de l'empire et la pax romana demeurent tout de même d'extraordinaire preuves de l'avance et de l'habileté politique et guerrière que possédaient déjà les Romains durant l'Antiquité.