Mes parents ont eu l'idée, que maintenant je trouve géniale, d'acheter Spirou, non pas chaque semaine, mais chaque trimestre, album après album. Comme avec mes frères ils nous ont aussi inculqué le respect des livres, n'importe lesquels, j'ai pu récupérer maintenant mes frères m'ayant laissé la collection, les albums du numéro 21 au numéro 175. Il y a des manques malheureusement, pendant que mes frères et moi étions parti à Paris dans des écoles, ma mère a cru bien faire en prêtant à des voisins ou voisines qui n'ont jamais rendu. Il manque le 24, le 26, le 28, et plus tard un ou deux autres.
Les journaux, chaque semaine c'est bien, mais ça a le défaut d'être fragile, et les parents les estiment toujours moins qu'un album. Quand il y en a un qui gêne on n'hésite pas à le mettre à la poubelle. Un album, on le range. J'ai un oncle, qui est décédé maintenant, mais qui regrettait encore que sa mère, ma grand mère, lors d'un déménagement ait plié les verres dans ses "Junior" et "Mickey" d'avant guerre. (il y en avait pour les collectionneurs une petite fortune)
Pour le personnage de Spirou lui même, en dehors de l'histoire de contrebandiers autour du port de Cassis dessinée par Jijé, tout le reste est de Franquin et ensuite de Fournier qui est bien moins intéressant.
Dans les premières années il y avait même des bandes Américaines et Anglaises. Des premiers Superman, des Tarzan, par Rubimor malheureusement, mais aussi par Hogarth, Rusty Riley, sous le nom de Jo Lumière, superbement dessiné dans un style réaliste par Frank Godwin, et même Brick Bradford (devenu plus tard Luc Bradefer dans d'autres publications) et la petite Annie l'orpheline.
On peut suivre comme ça l'apparition de Gaston Lagaffe, des Schtroumpfs, de Buck Danny, (j'avais calculé que s'il est ingénieur en 1941 -donc de 24 à 26 ans- quand commence la guerre contre le Japon, il aura terminé sa carrière colonel, en ayant environ 85 ou 86 ans ce qui pour un pilote d'active est une belle longévité), on peut lire la vie de Don Bosco, de Baden Powell, de Stanley, de Surcouf, de Churchill, etc. Et même des contes que racontait l'Oncle Paul à ses débuts, je crois que j'ai appris autant (si ce n'est plus), d'Histoire avec l'Oncle Paul qu'avec les livres du lycée.
Spirou a vraiment été un journal passionnant.