En mai 1968, Jean-Michel Basquiat a sept ans. Alors qu’il joue dans la rue comme à son habitude, il se fait renverser par une voiture. Le petit garçon est blessé : il a la rate perforée, et doit être hospitalisé pendant un mois.
Sans cet accident, ce garçon ne serait peut-être pas devenu le célèbre artiste d’aujourd’hui...
A l’hôpital, le petit Jean-Michel s’ennuie. Pour le distraire, sa mère lui apporte un livre d’anatomie : le Henry Gray’s Anatomy of the Human Body ("L’anatomie du corps humain de Henry Gray").
Le garçon se passionne pour cet ouvrage aux impressionnantes gravures de dissections. Ces découvertes de l’intérieur du corps changent définitivement sa vision des êtres humains.
Devenu grand, Basquiat dessine quelques collisions de voitures. Mais, obsédé par la mort, il peint surtout des êtres squelettiques, des fragments de corps et d’os superposés, des crânes, des visages à la chair apparente... Le peintre cherche à révéler l’anatomie de ses personnages.
C’est ce qu’on peut voir dans ses tableaux Untitled de 1981, 1982 et 1983 représentant des têtes dont l’intérieur est visible, ou encore dans son Redman de 1981 dont on devine les fibres musculaires.
Le peintre aime revenir à l’expression la plus simple. Les figures qu’il réalise semblent plus dessinées que peintes. Ses visages d’écorchés s’apparentent plutôt à des masques.
L’ouvrage de Henry Gray ne cessera jamais de l’influencer. Onze ans après son accident, Basquiat créera même un groupe de "noise-rock" qu’il appelle Gray !