Tiré de son roman "l'Île des morts"
"Il y a un grand arbre, aussi ancien que la société humaine, car en fait, il est cette société et la totalité des feuilles attachées à toutes ses branches représente la quantité d'argent qui existe. Des noms sont inscrits sur ces feuilles et certaines tombent tandis que d'autres poussent, si bien qu'au bout de quelques saisons tous les noms ont été renouvelés. Mais l'arbre reste pareil, il grandit simplement; et ses fonctions vitales continuent de s'accomplir sans changement. Il fut un temps où j'essayais d'abattre toutes les branches pourries que je trouvais sur l'Arbre. Jusqu'au moment où j'ai découvert que dès que j'en supprimais une, il en poussait une autre ailleurs et qu'il fallait bien dormir de temps en temps. De nos jours on ne peut même pas faire cadeau de son argent de façon honorable; et l'arbre est trop grand pour qu'on altère sa croissance comme celle d'un bonsaï dans un jardin japonais. Alors autant le laisser pousser à son gré avec mon nom sur toutes ces feuilles là, les unes flétries et desséchées, les autres verdoyantes et neuves, en essayant de m'amuser à sauter de branche en branche, porteur d'un nom que je ne vois pas inscrit sur moi. Point final à la parabole du grand arbre. Comment j'en suis venu à détenir autant de feuillage, c'est une autre histoire"...